2019-0627 Lettre au préfet du Morbihan

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Pénestin, le 27 juin 2019
A M. Raymond Le Deun, Préfet du Morbihan
Objet : Projet de Parc conchylicole de Loscolo à Pénestin
Monsieur le Préfet,
Dans notre premier courrier en date du 3 juin 2019, nous demandions l’annulation de l’enquête publique sur le projet de Parc conchylicole de Loscolo à Pénestin non conforme à la loi Bourchardeau et en contradiction avec les déclarations du Président de la République le 6 mai dernier (rapport sur la biodiversité de l’IPBES).
Nous nous permettons de le compléter en vous adressant une seconde requête.
Aujourd’hui, pour la protection d’une biodiversité dont l’humain a besoin, nous ne pouvons plus donner la priorité aux considérations de court terme au détriment d’options plus favorables sur le long terme. En juin une circulaire a été envoyée à tous les Préfets afin de ne plus laisser passer des projets consommateurs de terres agricoles ou naturelles car
l’artificialisation est la première cause de la perte de biodiversité. Le dernier Colloque qui s’est déroulé à Nantes le 17 juin dernier « Zéro artificialisation nette » participe, avec les études scientifiques récentes, à modifier le point de vue des élus sur cette problématique majeure. Le Premier Ministre, Edouard Philippe, avait déjà inscrit dans sa déclaration de politique générale cette devise au tout début du quinquennat : « la défense de la biodiversité et de la transition écologique est un défi pour notre génération (…) un projet de société qui passe par une transformation de l’ensemble des secteurs économiques (…) et qui renforcera la valeur économique et sociale de nos écosystèmes afin de mettre fin à l’indifférence qui entoure l’érosion de la biodiversité (…) par l’artificialisation des sols principale menace de la biodiversité ».
Le PLU de la commune de Penestin et le Scot de Cap Atlantique qui couvre la Presqu’île Guérandaise, ont envisagé que le site du lieu-dit « Loscolo » était le meilleur pour un lotissement d’activité conchylicole mais sans le démontrer du point de vue des milieux naturels et des espèces. L’absence de plus-value écologique, la non réalisation de l’objectif de perte nette, voire de gain de biodiversité (loi d’août 2016 pour la reconquête de la biodiversité
de la nature et des paysages ne permettent pas de faire un choix approprié.
Les compensations sont également dérisoires et provocatrices. Replanter une haie ou un bois d’un hectare n’a pas la même valeur écologique ni économique que de conserver et gérer une forêt naissante de 9 hectares. Le projet devait surtout répondre au fait qu’il n’y avait pas d’autres solutions satisfaisantes. Hors, aucune alternative sérieuse n’a été étudiée.
Les enjeux écologiques sur ce site sont assez importants comme en attestent les nombreux zonages réglementaires en proximité immédiate : Natura 2000, APPB, ZNIEFF, ZICO, Parc Naturel Régional de Brière. Le projet aurait dû aussi prévoir une zone d’étude élargie intégrant les communes limitrophes de Camoel et Assérac avec une analyse des corridors
écologiques connexes. Cet inventaire dans un périmètre d’étude rapproché n’a pas été mené pour comprendre les continuités et fonctionnalités existantes de la trame verte et bleue de ces trois communes. Le site du lieu-dit « Loscolo » est actuellement une coupure d’urbanisation et une zone de biodiversité jouxtant une autre zone de biodiversité dite « ordinaire » en
bordure du littoral. Le bassin versant sur lequel sera implanté le lotissement est minimisé par le pétitionnaire bien que directement lié à une zone de biodiversité majeure : les marais du Lesté.
Il faut admettre que le projet détruit 12 hectares (réseau viaire compris) d’espaces naturels et ruraux sans réparation durable et produit des effets sur les espèces impactées par la présence et le dérangement causé par les activités humaines générées. Le regroupement des activités mytilicoles et des usines de transformation sur le site, la circulation des engins, tracteurs et camions sont également à considérer comme des nuisances qui provoqueront la perte d’un espace paysager de haute qualité de vie pour les estivants et les habitants.
Le dommage causé par cette destruction de friches et de bois est si important pour l’ensemble de la faune sauvage (espèces protégées, rares et menacées) dans cet espace en proche littoral qu’il nous paraît indispensable d’obtenir une dérogation du Conseil National de la Protection de la Nature. Les avis des commissaires enquêteurs, du public et de la commission départementale ne sont que des avis, ni plus ni moins.
Les remarques du CNPN viseraient à appliquer les règles concernant la destruction des espèces protégées générée par des travaux transformant durablement 12 hectares d’espaces naturels et agricoles de fortes valeurs écologiques mais aussi économiques. Ces deux thématiques n’ont d’ailleurs fait l’objet d’aucune étude comparative par la Communauté d’Agglomération.
L’état est comptable du respect comme de la sauvegarde de l’environnement et doit jouer son rôle de garde-fou.
Je vous prie de croire, Monsieur le Préfet, en l’assurance de ma haute considération

M. BOCCAROSSA Dominique – pour l’Association Cappenvironnement

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