2019-0125 Interview de D. Boccarossa par G. Cornu

Une analyse-témoignage sur la mytiliculture à Pénestin

[ Les documents associés à l’enquête publique actuelle sur le projet “Loscolo” sont pour la plupart à sens unique. Ils sont là pour tenter de démontrer que la solution proposée est faisable et souhaitable. Mon grand-père disait que lorsqu’un bâton est tordu dans un sens, il faut le tordre dans l’autre sens pour le remettre droit. Je crois effectivement que le public de Pénestin, consulté dans le cadre de l’enquête publique, est en droit d’accéder à une information pluraliste. Je suis prêt à interviewer tout connaisseur du domaine de la mytiliculture, quelles que soient ses opinions vis-à-vis du projet de parc conchylicole de Loscolo.

J’ai choisi de donner la parole à D. Boccarossa, qui est certainement le meilleur observateur de la mytiliculture à Pénestin, que ce soit d’un point de vue économique, technique, environnemental ou politique. Il a son opinion, qui est connue, à propos du projet « Loscolo ». Mais vous constaterez très vite que dans cette interview, il est moins question d’opinion que d’une connaissance des faits qui va au plus près de la vie et des réflexions quotidiennes de ceux qui font vivre cette ressource essentielle de la commune de Pénestin. Gérard Cornu ]

Q – Comment va la mytiliculture ?

R – Aujourd’hui, d’après les chiffres dont nous disposons, la mytiliculture ne se porte pas trop mal financièrement, malgré les problèmes environnementaux – étoiles de mer, bloom planctonique, etc. – qui impactent la production depuis trois ans. Le chiffre d’affaires annoncé par les différents acteurs publics en 2016 varie de 7 à 12 millions d’euros selon les sources. Si on fait une moyenne, on est quand même à 9 ou 10 millions d’euros. Ce chiffre n’a fait qu’augmenter ces dernières années.

Cela est lié aux techniques de production intensive, dans le ramassage par exemple, qui d’ailleurs elles-mêmes induisent d’autres problèmes, notamment celui des déchets. Auparavant, les moules sur pieux avaient le temps de grossir, mais surtout, toutes les moules sur un même pieu grossissaient de la même manière. Aujourd’hui, avec le système de filet et de récolte sur les pieux, il y a beaucoup de petites moules inutilisables pour la consommation qui créent un déchet. Soit on les rejette à la mer, soit on les récupère pour autre chose, mais il n’y a pas de solution idéale. Axel Brière, avec son entreprise « Mussella », prévoit d’utiliser ces déchets pour les recycler.

Q – Le chiffre d’affaires augmente plus vite que la production. On parle d’une augmentation de la production de 15 % en 15 ans, et d’un chiffre d’affaires qui a presque doublé en 20 ans ?

R – Il y a eu une augmentation de la production, grâce notamment à la mécanisation dans les ateliers et à une organisation plus performante du travail. Cette augmentation varie selon les saisons, mais globalement la moyenne, qui était de 2500 tonnes il y a quelques années, est aujourd’hui de 3000 tonnes. On ne peut donc pas dire que le manque de place des mytiliculteurs dans leurs ateliers actuels ait eu une influence sur la production et sur le chiffre d’affaires. Ensuite, au niveau du prix des moules, il y a un marché qui est très demandeur, un vrai potentiel économique. Des mytiliculteurs m’ont dit que « la moule, tout le monde en demande », il n’y en a pas assez.

Q – Il n’y a pas des produits cuisinés, par exemple ?

R – Pas encore. Ça existe surtout pour les moules sur filière. Avec ce type « d’élevage »  la moule a une chair plus grosse, mais elle se conserve très mal : elle est toujours dans l’eau et quand on la sort, quand on la récolte, cela se passe directement sur le bateau. On ne la met pas en bassin, on l’emmène tout de suite pour en faire des produits de consommation transformés. Les moules de bouchots, plus résistantes, peuvent être conservées en dehors de la mer, en bassin de purification, il n’y a pas de souci. La qualité gustative de la moule sur filière n’est pas comparable avec celle des bouchots, qui est nettement meilleure. C’est son argument de vente.

Q – L’autre chiffre, c’est celui de l’emploi : entre 90 et 100 sur Pénestin. Donc là, on est stable ?

R – Ça ne bouge pas beaucoup. Il y a une chose qui m’a étonné dans mes petites recherches, c’est que l’emploi dans la mytiliculture a varié dès la naissance de celle-ci. Avant, les gens de Pénestin glanaient, si je puis dire. C’étaient des pêcheurs à pied professionnels ou non qui ramassaient les moules. Cela constituait un revenu complémentaire pour les petits agriculteurs. Du jour où deux des Charentais, Léon et Octave Métayer, se sont installés (je parle d’eux, mais il y en a eu d’autres) et qu’ils ont obtenu des concessions sur l’estuaire, vers 1905 environ, une partie de cette population a disparu. Cela correspond à l’apparition de la moule de bouchot par concession. En 10 ans, entre 1905 et 1915, la population a diminué de 40 personnes dans la commune de Pénestin. L’activité agricole n’était pas suffisante pour vivre. Si l’emploi est aujourd’hui stable il a tout de même diminué ces 30 dernières années. En 1990 il y avait environ 120 emplois à temps plein.

Il y a une question à laquelle je n’ai pas obtenu de réponse, c’est celle de savoir comment M. Métayer a pu obtenir autant de concessions. A l’époque, elles s’obtenaient sur Saint Nazaire ou La Baule et il y avait un vrai potentiel. Elles sont attribuées pour 30 ans et c’est toute la vie du mytiliculteur qui en dépend. M. Métayer a obtenu une surface de concessions assez énorme à l’époque, alors qu’il n’était pas de Pénestin. Le savoir-faire des Charentais allait bouleverser le paysage côtier et modifier la structure économique locale. Les paysans allaient devenir des ouvriers.

On retrouve ce schéma au niveau national avec la migration de la campagne à la ville,  de  la terre à l’usine, et plus tard encore, en 1957, dans la commune du Viviers sur mer, dans la baie du Mont Saint-Michel.

Pour résumer, le rapport à l’emploi dans la mytiliculture est variable. L’emploi a diminué avec la mécanisation. Avant les années 1970 et la construction du barrage d’Arzal, ils étaient une soixantaine de ce qu’on appellerait maintenant des auto-entrepreneurs. Aujourd’hui, ils sont 30. Il y a donc une diminution très nette du nombre de patrons

mytiliculteurs, et par contre, parallèlement à cela, des emplois ont été créés par les patrons qui avaient besoin de main d’œuvre, saisonnière ou non.

Q – Quand on dit entre 90 et 100, ce sont des emplois à temps plein. Est-ce qu’il reste encore des emplois à temps partiel ?

R – Les chiffres varient aussi selon les sources. A Cap Atlantique, on indiquait 80 emplois en 2013. A la mairie de Pénestin, on en compte 90. Au Syndicat conchylicole, ce sont 100, à temps plein. Je ne sais pas combien il y a de saisonniers. Ils en parlent très peu.

Q – C’est en tous cas une industrie assez prospère, avec des perspectives de rentabilité plutôt bonnes ?

R – Pour l’instant, c’est une production artisanale semi-intensive qui est liée à l’environnement, c’est-à-dire à la nature. Dans la baie du Mont Saint-Michel, c’est devenu une industrie avec un mode de production intensif. Les variations de la production sont liées aux problèmes de pollution dans la nature elle-même. On peut comprendre qu’il y ait une forte demande de moules de la part des consommateurs, mais on s’étonne surtout de la rapidité avec laquelle les mytiliculteurs ont eu envie de faire de la production intensive qui nuit à la production elle-même et à l’environnement dont ils sont pourtant dépendants.

On retrouve ce mode de production mortifère dans l’agriculture intensive. On se dit qu’ils veulent vraiment aller très vite, le plus vite possible. Pourquoi ? Un mytiliculteur, M. Thobie, qui a vendu aux Bizeul, m’a dit : « Moi, de toutes façons, je pars à la retraite, mais dans 10 ans, la moule c’est fini : qu’est-ce qu’on va récupérer de la mer ? C’est tellement pollué ! C’est fini. » Alors, je me suis dit : peut-être que c’est pour tout le monde la même chose, il ne reste plus que 10 ans, donc on a intérêt à produire un maximum en un minimum de temps.

Q – En fait, c’est la logique capitaliste de se développer toujours plus.

R – Le capitalisme s’adapte et c’est ce qui fait sa force. Il a toutefois des limites, humaines ou environnementales. Les limites de la mytiliculture sont d’ordre environnemental, comme pour toutes les activités qui utilisent directement l’espace naturel qui, je le rappelle, est un bien commun. Les activités privées, comme la mytiliculture, s’exercent sur des espaces publics. C’est d’ailleurs cette ambivalence que révèle l’enquête publique.

Q – Mais quand tu dis « trop de moules tuent les moules », quelle est la limite objective, qu’est-ce qui fait qu’à un moment donné, on ne peut pas croître encore plus ?

R – Tout simplement parce que la moule se nourrit. Donc, plus tu mets de moules dans un même endroit, moins elles grossissent. C’est logique. La moule est un être vivant, et comme tout être vivant, elle a besoin d’un espace vital. Tout comme l’humain.

Q – Le plancton ne leur suffit pas ?

R – Non. Une production intensive dans un même espace génère des risques sanitaires.

Dans l’agriculture, c’est la même chose. On le constate dans les élevages de porc ou de poulets. On le découvre aujourd’hui aussi dans la pisciculture intensive.

Les mytiliculteurs ont prévu un projet pour une concession de 23 hectares face à la plage de la Mine d’or, à 500 mètres environ du rivage. La demande est en cours. Axel Brière précise qu’ils sont limités parce qu’on ne peut pas mettre plus de moules par rapport à l’espace existant. Dans le même temps, ils devront certainement libérer des parcelles situées à l’embouchure de la Vilaine. A cet endroit, la production de moules sur pieux a diminué de plus de la moitié. Ce n’est plus rentable.

Axel Brière, d’ailleurs, pour cette même raison, a eu l’idée de monter aussi un projet de 400 ha près de l’île Dumet, avec des moules sur filière. C’est un projet qui entrait dans une logique de développement durable. Il mixait les productions : coquilles Saint-Jacques, moules, huîtres, algues. Une étude a été faite, y compris environnementale. Je ne sais pas où il en est maintenant, s’il a abandonné. Son projet était assez ambitieux et il était très intéressant, parce qu’il voulait limiter la spéculation sur les concessions, donner la priorité aux jeunes de moins de 40 ans, et que ceux qui en avaient le moins, un peu comme en agriculture, soient servis les premiers. Et en priorité, évidemment, les Pénestinois. Ce genre de priorité est indispensable pour maintenir des familles toute l’année sur Penestin. En 30 ans, le lieu de résidence des mytiliculteurs a changé. La moitié réside aujourd’hui en dehors de la commune.

Q – Le projet de faire un parc conchylicole à Loscolo est lié à un discours selon lequel à un moment donné, la prospérité du secteur va toucher à sa fin si on ne se dote pas de nouveaux outils. Par exemple, face à la montée des eaux dans les zones submersibles. Est-ce qu’on peut évaluer cela ? Il y a en a certainement qui ont tendance à grossir un peu le danger, à faire croire que ça va mal. Souvent, quand on gagne beaucoup, on essaie de ne pas trop le montrer. Donc objectivement qu’est-ce qu’on peut dire sur l’avenir, à 10 ans environ ?

R – Je vais te répondre une chose très simple. Ce n’est pas moi qui le dis, mais Axel Brière. Une fois, je voulais voir avec lui comment on pouvait élargir le débat par rapport au projet Loscolo, voir quelles pouvaient être les alternatives, et il m’a dit : Loscolo, ni moi ni personne n’en a rien à faire, parce que sans Loscolo, on fait de toutes façons du chiffre d’affaires. C’est ce qu’il m’a dit en substance. Loscolo ou pas, pour nous, le chiffre d’affaires est le même. Et il a raison d’ailleurs, parce que la moule est sur les bouchots, pas sur terre.

D’ailleurs, si on y regarde bien, depuis 25 ans que ce projet existe, il n’y a pas eu une seule fois une manifestation de mytiliculteurs dans les rues pour dire : qu’est-ce que vous attendez pour faire ce projet ? Cap Atlantique a fait une réunion en 2016 en disant : notre but est de motiver les mytiliculteurs à aller sur le site de Loscolo. A l’époque, les mytiliculteurs, pour les trois-quarts d’entre eux, étaient presque indifférents à ce projet. La population elle-même ne croyait pas à la faisabilité ni à l’intérêt d’un tel projet. Avant 2016, j’ai entendu des gens, élus ou pas, me dire qu’il était inutile de se poser des questions sur ce projet puisqu’il ne verrait jamais le jour.

Q – Alors pourquoi cette volonté de Cap Atlantique ? En 2016, c’était déjà inscrit dans le SCOT ?

R – Oui, il a été inscrit dans les documents officiels depuis 2010. Tout simplement parce que pour qu’un projet comme celui-ci puisse exister, il faut passer par des phases administratives obligatoires, soit par le remembrement, soit par le PLU. Il faut donc que ce document officiel cautionne un projet, et de même pour Cap atlantique qui a positionné le projet dans le DOG de 2011. Le projet sur papier est donc visible depuis longtemps. Mais il n’y a absolument aucune raison – mais vraiment aucune -, pour qu’il ait pris autant de temps. Si le projet avait réellement été porté par les professionnels depuis 2000, date officielle de la demande, il serait déjà réalisé depuis longtemps. Aujourd’hui, 20 ans plus tard les questions sur sa réactualisation économique ou environnementale doivent être posées.

Q – Alors pourquoi à ton avis Cap Atlantique a mis la pression à ce point depuis 2016, en essayant de motiver les mytiliculteurs qui ne l’étaient pas tant que cela ?

R – Il y a deux choses. La fin des mandatures, à la fois pour Yves Métaireau, président de Cap Atlantique, et J. C. Baudrais, maire de Pénestin. C’est le volet politique. Et parallèlement à cela, il y a des entreprises qui attendent quand même Loscolo depuis 10 ans. Comme le groupement « la Pénestin » au Logo, qui est à l’étroit dans des locaux mal entretenus, car la dizaine de mytiliculteurs associés regroupe sa production au même endroit. Les principaux intéressés, « la Pénestin », ainsi que la famille Bizeul, au Lomer, qui se trouvent eux aussi à l’étroit sur leur site, ont toujours déclaré leur intention de déménager.

La première chose qu’il faut savoir, c’est que ceux qui sont au Logo sont sur deux lots qui ont été rachetés par l’IAV, l’Institut d’aménagement de la Vilaine. L’IAV les leur prête depuis 10 ans. Mais surtout, comme ils n’ont pas de bâtiments qui leur appartiennent, il leur est peut-être plus facile d’investir dans les nouveaux bâtiments, que pour ceux qui possèdent déjà des bâtiments sur place et qui devront les abandonner pour aller à Loscolo, et à qui on va peut-être donner des compensations. Ou pas.

C’est beaucoup plus simple pour le groupement. Ils disent : nous on n’a rien. A Loscolo, on aura. Se rajoute à cela l’aspect spéculatif de la démarche. Pour que le groupement ait une valeur à la fois vénale et marchande, il faut qu’il y ait un bien mobilier, c’est-à-dire un lieu sur lequel l’entreprise existe. Si tu es logé gratuitement, tu ne vends pas, donc tu limites le potentiel d’une plus-value immobilière et ce qui s’y rattache, des bâtiments reliés directement à l’eau de mer, l’espace et un certain confort de la production jusqu’à l’expédition. Ce n’est pas comme les concessions de bouchots où il n’y a que de l’eau.

Mais il y a encore une  autre chose : parmi les principaux intéressés pour Loscolo, de cette entreprise en particulier, il y a deux mytiliculteurs, qui ne le sont en fait que depuis une quinzaine d’années. Ils étaient tous les deux en relation professionnelle avec des mytiliculteurs de Pénestin et le chiffre d’affaires de certaines entreprises les a motivés pour investir à leur tour dans la production mytilicole. Finalement, ils ont eu l’opportunité d’acheter des pieux. Il y en a un qui possède un atelier à hangar sec dans la zone artisanale du Closo, l’autre, un mareyeur, élargit en quelque sorte son activité.

Ce sont eux les plus intéressés parce qu’ils partent à la retraite bientôt, et ils ont donc tout intérêt à ce que Loscolo se fasse le plus rapidement possible pour pouvoir revendre au meilleur prix au moment de leur départ. Les entreprises coûtent de plus en plus cher et il est quasiment impossible pour un jeune de s’installer, c’est un peu comme dans l’agriculture. Cette surenchère ne profitera ni à la commune ni aux Pénestinois, et encore moins aux mytiliculteurs de Pénestin. La moitié des professionnels ne réside déjà plus à Pénestin parce que le foncier y est trop élevé. La commune perd ses habitants, bien qu’ils aient une activité annuelle sur le territoire. Et ce n’est pas le lotissement « Loscolo » qui les fera revenir.

Ce sont des éléments qui s’ajoutent les uns aux autres, qui se croisent. Mais évidemment, quand on en parle, on ne parle pas de tous les autres. Il y a ceux qui transmettent leur entreprise à leurs enfants, mais qui veulent éviter de leur mettre des dettes sur le dos en se déplaçant sur le lotissement, ceux qui vont arrêter à leur retraite en déconseillant leurs enfants de reprendre, ceux qui, après avoir investi dans des ateliers il y a 30 ans, ne voudront pas réinvestir dans un nouvel atelier, etc.

Q – Et les Bizeul, au Lomer ?

R – Eux, ils sont sur leurs propres terrains et dans des bâtiments qui leur appartiennent. Effectivement, ce sont de gros producteurs et c’est un fait qu’ils sont à l’étroit. Ils ont d’ailleurs construit des hangars ouverts, sans autorisation, sans rien demander à personne, même pas aux autres copropriétaires du site. Un jour je me trouvais à l’accueil de la Mairie et j’ai entendu malgré moi car les portes étaient ouvertes, une discussion entre M. Bizeul et le maire : « Tu aurais dû demander un permis… Bon… On verra. » On a vu : l’installation illicite est toujours en place. C’est peut-être un moyen pour dire qu’il n’a pas assez de place ou pour dire que le lotissement est incontournable.

Q – Comment se fait-il qu’au Lomer, les Bizeul sont à l’étroit, mais pas les Bernard ?

R – Je pense qu’ils sont tous à l’étroit. Quand tu discutes avec les uns ou les autres, tu te dis : c’est évident, ils sont vraiment à l’étroit. Quand tu vois l’atelier, les machines encombrent toute la pièce. Les bassins sont limite, et je pense que ça mériterait d’être modernisé, bien sûr. Simplement, quand on regarde la manière dont ça a été conçu dans ce lotissement du Lomer, on constate qu’il y a beaucoup de place perdue. Chaque bâtiment consiste en deux ateliers l’un à côté de l’autre. Et au milieu, tu as un trou. Un jour, j’ai dit à Frédéric Bernard : mais là ? Et il me dit : mais là, on passe ! Je lui dis : on peut faire le tour et passer de l’autre côté aussi, vous n’avez pas besoin d’avoir un gros trou ici pour pouvoir mettre le tracteur de l’autre côté, vous n’avez pas besoin de passer au milieu. Et je lui ai dit : tu sais, il suffit de donner ça à un bureau d’études en architecture pour qu’il réfléchisse à la façon de donner un maximum de surface sur l’existant, et ils trouveront. Ils sont bien capables de trouver des astuces pour optimiser l’espace. C’est leur métier. En termes de bâtiments, mais aussi en termes de circulation. Redéfinir un espace quand on en manque, c’est aussi un progrès par rapport à l’étalement urbain.

Q – Est-ce qu’à travers ce que tu m’as dit, on a fait le tour des différentes raisons qui expliquent l’empressement qu’on constate à partir de 2016 ?

R – En termes d’empressement, je comprends celui d’Axel Brière, lorsqu’il dit avoir besoin d’espace. Actuellement, lui aussi est dans un atelier qui a été racheté par l’IAV et il ne paie rien, Mais il y a beaucoup de choses que les mytiliculteurs ne disent pas. Il existe des divergences profondes entre eux. Parce qu’il y a des antécédents familiaux et aussi des intérêts qui s’opposent. L’affaire de la Concession des Mâts, située face à Damgan, illustre parfaitement cette situation. Deux parties se sont affrontées au tribunal pour 14 hectares. L’une exigeait un partage équitable, l’autre ne voulait pas, au point de frauder sur les autorisations administratives. Les raisons étaient aussi multiples mais M.  Tobie, ex-président du syndicat mytilicole de Pénestin, à l’initiative du projet, qui espérait une bonne plus-value pour son départ à la retraite, a dû être déçu. Depuis, il semblerait qu’ils se soient réconciliés. C’est dans leur intérêt car, s’ils veulent les 23 hectares face à la Mine d’or, ils devront se mettre d’accord.

Il y a aussi des jalousies, parce qu’Axel Brière est arrivé d’HEC avec des idées qui leur paraissaient trop novatrices ou pour d’autres, inopportunes. Axel ne se cache pas du tout de vouloir faire de l’argent, du profit, HEC ne forme par les futurs entrepreneurs à la philanthropie. Quoi que… J’en ai rencontré qui utilisaient leur savoir-faire pour d’autres causes. Le problème n’est pas de vouloir gagner de l’argent il est dans la manière de le faire. On pourrait aussi parler de ceux qui veulent rester au Logo ou au Lomer et de ceux qui ne quitteront ni leur maison, ni leur atelier au Scal.

Il existe selon moi plusieurs projets qui éviteraient une nouvelle artificialisation des sols, néfastes aussi à la mytiliculture. J’ai proposé au Syndicat mytilicole de demander à la municipalité de convertir les zones du Logo et du Scal en zones ACA, ce qui permettrait à certains d’agrandir ou de moderniser les installations existantes. Axel, président du syndicat, en a fait la demande. Le maire a refusé. C’était en 2017.

Pour te citer un autre exemple, nous avions, avec Bénédicte Dupé, rencontré des mytiliculteurs et nous leur avions dit que certaines alternatives étaient possibles. Ils nous avaient écouté sur plan. Nous leur avons dit : Pascal Métayer va vendre la pointe du Bile. Vous, vous êtes deux entreprises à vouloir absolument quitter les lieux là où vous êtes installés. Il y a 1,2 hectare à la pointe du Bile. A deux entreprises, ou même à trois, vous devriez avoir de la place.

Q – Donc tu leur proposais que ce soit eux qui rachètent à Pascal Métayer…

R – Oui, et c’est une alternative que nous avons proposée à Cap atlantique avant la première enquête publique. Il y a une cale d’accès direct, l’eau de mer à proximité. Une situation idéale. Ils disent : oui, franchement, c’est vrai. Et puis, je revois Sylvain Chiquet, je lui dis : et alors ? Et il dit : eh ben non, ça ne va pas être possible. Je lui dis : je ne comprends  pas, vous demandez 5000 m2 à Loscolo et là, vous allez avoir 1,2 ha, un accès direct, pas de transport, vous allez directement des pieux à l’atelier. Même si vous avez des transformations à faire, vous gagnez en retour, finalement. Surtout pour le pompage de l’eau mer, vous êtes à côté. Il me dit : oui, mais on ne peut pas passer les poids lourds sur la route du Bile. On ne peut pas faire le tour, en poids lourd, jusqu’à l’atelier Métayer. Je lui dis : tu n’as pas besoin de faire le tour, quel est le problème ? Il me dit : non, non, le maire nous l’a interdit et il a aussi dit : si vous n’allez pas à Loscolo, je vous empêcherai d’aller avec des camions à l’atelier du Bile.

Alors, est-ce que Sylvain Chiquet me dit la vérité ? Je pense que si ils ont abandonné une idée, ils ont dû se mettre d’accord, je ne sais même pas quel type d’accord. Mais il est certain que Pascal Métayer et le maire ont dû trouver un accord pour permettre au projet Loscolo de se réaliser. En effet, si les deux entreprises intéressées par Loscolo s’installent au Bile, Loscolo n’existe plus…

Q – Donc, tu ne sais pas à qui Pascal Métayer a vendu ?

R – Pour les ateliers, je ne sais pas, ça change en fonction des rumeurs, mais pour les concessions oui. Il a vendu beaucoup de pieux à Gilles Fouchet, du groupement « La Pénestin » et collègue de Sylvain Chiquet. Cela veut dire que même leur site de production est maintenant à côté des ateliers de la pointe du Bile. Ils rachètent d’autres pieux…

Q – Donc les ateliers, tu ne sais pas vraiment ?

R – Je ne sais pas. Il y en a qui ont dit qu’il allait créer un restaurant, puisque ça a été vendu à un mareyeur. Je ne sais vraiment pas. Le collègue de Sylvain Chiquet est mareyeur. Du coup, ils gardent le site en zone ACA et font des chambres d’hôtes, un restaurant avec vue sur mer. Mais dans ce cas, ce n’est plus un lieu de travail pour la production mytilicole. Il est même possible que la destination du site actuellement en zone ACA soit changée lors de la révision du PLU. Le président du Conseil régional de la Conchyliculture, M. Legal, pleure la perte des zones d’activités conchylicoles, mais là, il y a de fortes chances pour qu’il n’intervienne pas. M. Metayer a été lui aussi président du Conseil régional de la Conchyliculture. Il existe un lobbying très présent dans la profession. Comme partout maintenant. On le voit très clairement à Cancale où deux lotissements ont été créés avec l’appui d’un maire ostréiculteur intéressé par les projets. Si on n’est pas de la profession, notre avis ou nos incertitudes sont ignorées.

Retrouvez l’interview et les commentaires sur le blog de Gerard Cornu

R – Le principal reproche que l’on peut faire à l’enquête publique, c’est de ne pas avoir étudié les alternatives. Les études à ce sujet datent de 20 ans : il aurait fallu les refaire, car les réalités aussi bien que les enjeux ont changé. Tout le monde a bien vu à quel point les éléments du dossier étaient insuffisants. Les différents sites sont comparés sur la base d’un tableau avec des notes de 1 à 10. C’est ridicule. Beaucoup de personnes, dans l’enquête, ont souligné cette faiblesse.

Avec ce tableau, on élimine le Bile tout en précisant qu’il s’agit des marais du Lesté. C’est grossier. Comment peut-on imaginer un seul instant une implantation dans une zone inondée la moitié de l’année ? Personne bien sûr. Eux disent aussi que ce n’est pas possible mais il en profite pour rayer d’un trait tout projet qui se rapprocherait de la pointe du Bile. J’appelle cela de la manipulation. Le Grenelle, déjà en 2009, demande que le choix d’une implantation privilégie les espaces déjà artificialisés. Mais on ne veut surtout pas toucher au foncier déjà constructible. On préfère aller là où il y a de la place sans gêner la spéculation immobilière. On modifie ensuite sur le PLU la limite proche littoral pour échapper aux contraintes des zones sensibles. A quelques centaines de mètres près, la nature n’est plus la même. C’est une frontière administrative que la faune ou la flore ignorent, mais par contre, ça arrange les humains.

Q – Mais les alternatives, à savoir moderniser et éventuellement agrandir les lieux existants, ont tout de même été discutées.

R – Non, elles n’ont pas été discutées. Après 25 ans ils ont des difficultés à imaginer des alternatives. Ils n’en veulent pas parce qu’ils disent avoir déjà dépensé suffisamment d’argent pour le projet Loscolo. Est-ce une raison pour en dépenser plus et mal ? Ils ont dit, même dans les conclusions de la commissaire enquêtrice, que de toutes façons ce n’était pas possible, et c’est tout. Quand on me dit « ce n’est pas possible », j’attends qu’on me le démontre.

Q – C’est le but même d’une enquête publique. Elle est supposée démontrer.

R – Il n’y a eu aucune démonstration de faite pour prouver que ce n’était pas possible.

Q – Moi j’ai trouvé quand même qu’il y avait des arguments, ne serait-ce que dans les réponses de la commissaire enquêtrice aux contributions des personnes.

R – Quelles personnes ? Les mytiliculteurs ou les habitants ? La grande majorité des personnes favorables au projet et qui se sont exprimées dans les observations sont des élus et des officiels qui, pour la plupart, ne vivent même pas à Pénestin. Ils n’argumentent pas, ils bégayent les mêmes phrases. Sur l’emploi, le chiffre d’affaires, la vie sociale de Pénestin. Et même dans ces trois exemples, les chiffres sont erronés. L’emploi est stable depuis 20 ans, le chiffre d’affaires passe du simple au double sur une même année d’un document à un autre. Il progresse même sans le lotissement Loscolo sur un troisième document. La moitié des mytiliculteurs n’habitent déjà plus à Pénestin etc.

Les autres, les habitants proches ou non du futur lotissement, sont inquiets. Ils posent des questions concrètes et souvent très pertinentes. Une quinzaine de mytiliculteurs se sont prononcés pour le projet. Ils font partie des deux groupements dont on a déjà parlé. Ils disent par exemple qu’ils manquent de place, mais quels sont les lieux exactement où ils manquent de place, précisément ? Ils ne le disent pas. Une seule entreprise manque de place au Logo, et une seule aussi au Lomer. Si certains manquent de place, d’autres en ont.

Au Lomer, il y a un peu plus d’un hectare – pour 7 ou 8 ateliers en activité. Une rénovation ou une réhabilitation, si elle était étudiée, et qui tiendrait compte à la fois de l’économie d’espace et de la circulation pourrait être proposée. On peut très bien mettre 30 à ou 40 000 euros sur éventuellement plusieurs propositions, avec un bureau d’études qui sache de quoi il parle et qui dise à la fin : on a tout essayé, mais on ne peut pas ; le projet Loscolo, c’est finalement ce qu’il y a de mieux.

Si tout cela était dit et fait, les mytiliculteurs seraient les premiers à en bénéficier. Ils ont des projets de développement qui méritent d’être soutenus par les habitants. Ils vivent et travaillent aux côtés de la population. Ils ne peuvent pas s’en abstraire. La population comprendrait mieux les enjeux socio-économiques et je pense qu’ils contribueraient, surtout ceux proche de l’espace choisi, à rendre le projet plus économe en espace et moins impactant.

Au lieu de cela on dit aux gens que si ça fait du bruit le jour ou la nuit on demandera aux professionnels de rouler plus lentement ou d’arrêter leur moteur à l’arrêt, de ne pas utiliser leur BIP BIP en marche arrière… ; on verra et on arrangera les choses quand tout sera fait. J’ai même lu que les véhicules seraient à l’intérieur des bâtiments pour faire moins de bruit, ce qui est contraire aux règles sanitaires. Il y a des mots bien français pour dire que l’on se moque des gens.                                       

Q – Si je me fais l’avocat du diable, il y avait une proposition qui venait de toi, si je me souviens bien, par rapport au Lomer, et qui disait : on pourrait proposer aux mytiliculteurs, notamment les Bizeul, de déménager vers le Bile, et utiliser les terrains libérés pour agrandir l’espace pour ceux qui restent. J’ai vu tout de même dans le dossier final une argumentation par rapport au Bile, et une réponse quand même à cet argument de ta part. Peut-être pas une réponse aussi détaillée que l’aurait fait un bureau d’études…

R – La réponse qui a été donnée n’est pas correcte : la famille Bizeul, c’est évident qu’ils sont à l’étroit, je vois l’atelier, je sais dans quelles conditions ils travaillent. Mais si ces gens-là partent du Lomer pour aller vers le Bile avec une ou deux autres entreprises, on libère effectivement l’espace Bizeul. Sachant qu’il y a un autre espace qui est inoccupé, parce qu’il y en a qui sont partis à la retraite : il y a au moins un atelier vide, qui n’a pas été mis en vente, je pense, mais qui a cessé toute activité.

Evidemment, ce n’est pas grand chose en surface au sol que de déménager l’entreprise Bizeul, mais c’est tout de même un plus. Sauf que le problème de ce déplacement, c’est qu’il ne se ferait pas sans l’accord, évidemment, des propriétaires eux-mêmes. Mais si leur demande au préalable correspondait à un problème d’espace, et si cet espace était proposé au Bile, pourquoi ils le refuseraient ? Alors j’ai posé la question. La réponse est simple. S’il y en a du Lomer qui vont à Loscolo ou au Bile, ils garderont leurs ateliers. Ils ne voudront pas vendre à d’autres personnes avec lesquelles ils ne s’entendent pas. C’est intéressant car cela prouve que le facteur humain, côté mytiliculteurs, n’est pas pris en compte dans le projet du lotissement.

Q – Donc, le travail réalisé dans le cadre de la première enquête est insuffisant, incomplet ?

R – Pour moi, c’est insignifiant. La commissaire, lors de la dernière enquête publique, a rappelé à plusieurs reprises l’importance des alternatives. Cap atlantique et la municipalité ont répondu par ce fameux tableau avec les notes de 1 à 10 et la commissaire a jugé cette réponse suffisante. C’est maigre et bien loin de la réalité du terrain.

Q – Même les réponses de la commissaire aux contributions des habitants ?

R – Oui, ce sont des réponses qui ne sont même pas démontrées. Si on dit que dans l’alternative, on n’aura pas ce qu’il faut en termes de place, j’attends que ce soit démontré par un bureau d’études qui dise : effectivement, on a tout essayé, ils n’ont pas de place.

Je vais te donner un exemple parmi d’autres alternatives possibles. Car plusieurs projets peuvent coexister. Il y en a une qui n’a jamais été posée : c’est le Closo, le Parc d’activités du Closo à la sortie du bourg. Un mytiliculteur a eu l’opportunité d’acheter des terrains. Au départ, il s’est fait taper sur les doigts par le maire, qui lui a dit : vous n’avez pas le droit de vous installer en tant que mytiliculteur à cet endroit. Il pouvait le faire. C’est une entreprise et, comme toutes les entreprises du Closo, il a des hangars. Ce sont des hangars secs, sans bassins de purification. Il ne fonctionne qu’avec des tracteurs, en fait, là encore, comme toutes les entreprises du Closo. Ils sont motorisés, ils ont des parkings, ils ont des bureaux.

Q – Qu’est-ce qu’il fait dans son atelier du Closo ? Il fait de l’expédition ? Est-ce que les moules y transitent ou bien est-ce que ce sont uniquement des bureaux, de l’administration ?

R – Non, il y fait ce qu’on appelle les préparations sur pieux. Il ne fait pas d’expédition. Il n’a donc pas besoin de bassin de purification. C’est un travail de manutention fait sur place pour ensuite aller travailler sur les pieux en mer.

Q – Donc, ton idée, c’est que…

R –Non, ce n’est même pas mon idée. A un moment donné, la question des hangars secs s’est posée pour Loscolo parce que le projet ne prévoit des emplacements que pour les entreprises qui ont besoin d’eau de mer. Il y en a un qui a levé le doigt, c’est le Syndicat conchylicole lui-même. Le syndicat a demandé que le futur lotissement puisse aussi accueillir des hangars secs. Alors depuis peu, je crois qu’ils ont changé d’avis. Ils vont accepter des hangars secs. Il y a  une raison simple à cela. Plus de la moitié des mytiliculteurs sur Pénestin sont en hangars secs. S’il y a seulement deux entreprises dans le lotissement, même si se sont les plus importantes, ils ne voudront ou ne pourront pas assumer seuls les charges d’un lotissement équipé sur 9 hectares avec bassins, pompage, entretien du réseau viaire, etc. Ceux qui sont en hangars secs vont devoir assumer aussi des coûts de copropriété qui ne les concernent pas directement.

Mais personne ne parle du Closo. Pourtant, quand on pose la question au mytiliculteur qui se trouve au Closo, il dit : je n’ai aucun problème avec mes voisins. De temps en temps, ça sent un peu la moule, mais de toutes façons, comme ce sont des entreprises, que ça sente la moule ou le cambouis, ça ne change pas grand chose. Il y a encore un espace de disponible et on peut y mettre au moins 5 entreprises en hangars secs de taille équivalente à celle déjà sur place.

Q – Et par rapport aux transports ?

R – La zone du Closo est pratiquement à la sortie du bourg. La zone est même centrale par rapport aux concessions en mer. Beaucoup plus centrale que le lieu-dit Loscolo. Mais quel intérêt pour un mytiliculteur d’investir à Loscolo lorsqu’il possède déjà un hangar sec en campagne ou sur le bord de l’estuaire. Pour se retrouver à proximité d’un centre d’expédition ?

Q – Donc ça, c’est une proposition qui n’a pas été discutée dans le cadre de l’enquête ?

R – Du tout.

Q – Et pourquoi tu ne l’as pas proposé, par écrit ou oralement ?

R – En fait, je ne l’ai vue nulle part, sauf dans une lettre du Syndicat conchylicole.

Q – Pour en revenir à l’enquête publique, ton raisonnement est de dire qu’on s’appuie sur des études de 2005 et 2007, donc qui datent, et maintenant on aurait besoin d’autres études pour vérifier la viabilité des alternatives…

R –Si le projet avait été réalisé à l’époque du choix du site, en 1996-2000 et, disons, jusqu’en 2005-2010, la question ne se serait pas posée. Les premières études, que ce soit Oikos ou Techmar, de 2005 et 2007, ont fait des dossiers assez lisibles pour un non professionnels. Techmar a d’ailleurs tendance à biaiser sur certains points. Le dossier doute de la faisabilité d’un tel projet mais déclare qu’on peut quand même le faire. C’est extrêmement résumé mais en substance c’est ça. On devine qu’il est tenu de répondre à une demande. L’étude conseille aussi, très sérieusement, de ne pas faire sauter une falaise pour construire une rampe d’accès entre la plage de Loscolo et celle du Maresclé. Cette rampe permettrait un accès direct vers le lotissement. Ils pensent que ça ne va pas plaire à la population. Alors Tecmar demande aux élus d’attendre et de construire d’abord le lotissement et de voir ensuite. Tout cela ressemble à une fiction. Au début on sourit, mais la réalité du dossier inquiète. Ce projet farfelu n’a d’ailleurs jamais été officiellement abandonné. Le lotissement une fois construit, ils trouveront peut-être de bonnes raisons pour le ressortir des cartons. Ils parleront à nouveau des emplois, du développement, des conditions de travail, de prospérité  etc… Dans les observations de la dernière enquête publique, j’ai pu lire une argumentation de Techmar spécialement rédigée pour appuyer le projet. Ce qui est plutôt surprenant. Ils pensent peut-être que personne n’a lu leur étude de 2007, dix ans c’est trop loin. Oikos, non. Oikos a fait une étude plutôt de terrain, avec des enquêtes, etc.  C’est plus neutre.

Depuis le Grenelle de l’environnement les élus doivent prouver qu’il n’existe aucune autre possibilité. Ils doivent aussi démontrer que le choix fait est le moins coûteux pour la collectivité. La séquence « Éviter, Réduire, Compenser » (ERC) est un fil conducteur pour des projets comme Loscolo. Cap atlantique et la municipalité n’ont pas respecté ce fil conducteur. Nous n’avons eu aucune étude d’opportunité, pas d’études en amont, aucune variante, aucun scénario d’implantation du projet, aucune précision sur les activités définitives. Le concept Éviter est essentiel. Toutes les autres actions en dépendent. On ne peut rien faire sans avoir étudié les alternatives.

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